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Il était avec Raymond Devos, Jean Poiret, Michel Serrault, Jacques Dufilho, Jean Richard, Jacqueline Maillan et quelques autres l’un des meilleurs exemples de ces comédiens formés à l’école du cabaret dans les années 40-50. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, il a fait ses premières classes avec cette génération d’humoristes à une époque où l’on ne parlait pas encore de one-man show et où la télévision n’existait quasiment pas.
Chaque soir, il faisait se plier la salle en quatre et lui-même se démenait en vingt, trente, cinquante, se démultipliant en autant de personnages. Plus que des sketches, il s’agissait de saynètes où, en un riende temps et avec peu de moyens, il passait d’un «croisé» à un «pierrot» ou un «torero».  Peu à peu, il a pris ses marques au point de concevoir et d’aboutir un numéro unique au monde, qui a été vu par des milliers de personnes aux quatre coins du monde. Un numéro de transformation, à partir d’un simple costume qui lui a valu à la fois la célébrité et d’une certaine façon l’a empêché de mener à bien sa carrière d’acteur. A force de se transformer (presque) chaque soir sur toutes les scènes, il n’a sans doute pas pris le temps de se poser pour endosser l’habit de comédien, même s’il a tenu quelques grands rôles. C’est du moins ce qu’il disait avec une pointe de nostalgie à la fin de sa carrière. Mais, sous ses mille facettes, qui était Gérard Séty ?
Première transformation, son nom : Gérard Séty, est né Plouviez le 13 Décembre 1922 à Paris.portrait-gerard-sety
Enfant, il avait déjà besoin de recréer physiquement les personnages de ses lectures préférées au point que sa mère se faisait sa complice et sa première spectatrice en lui servant d’habilleuse.Son père qui était imprimeur et écrivait à ses moments perdus des pièces, jouées par des troupes d’amateurs lui a sans doute transmis le virus et le goût de l’écriture.
Après son baccalauréat Philo/Maths en 1941 et deux ans à l’école Estienne (Ecole des Beaux-Arts de l’Imprimerie) Gérard qui était encore Plouviez décida d’abandonner cette voie se sentant plus attiré par la comédie.Il s’inscrivit alors comme élève au célèbre Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (I.D.H.E.C.) et au Vieux Colombier où il suivit des cours d’Art dramatique.  C’est à ce moment-là que passant de la théorie à la pratique, il commença à se lancer dans des imitations des vedettes de l’époque, dans les cabarets parisiens, prenant pour cible : Louis Jouvet, Sacha Guitry, Jules Berry, Saturnin Fabre ou Jeanne Fusier-Gir. Bien avant la vogue des imitateurs et de Thierry Le Luron qu’il côtoya plus tard, Gérard Séty faisait ses premières armes. Mais cela ne lui suffisait pas. Mû par une tranquille assurance, sûr que son goût du déguisement pouvait le conduire à s’exprimer sur les planches, il se dit qu’il fallait tenter autre chose. C’est ainsi qu’il eût l’idée d’utiliser ses propres vêtements pour créer des personnages (le premier fut François Villon en 1947-48), le tout accompagné de textes souvent délirants dont il était l’auteur. Son numéro de music-hall était né, son intuition avait été la bonne. Ce fût un succès immédiat et qui ne s’est jamais démenti.
Sur les scènes parisiennes, à Las Vegas comme sur le paquebot France en croisière aux Antilles ou sur les rivages méditerranéens, pendant près d’un demi-siècle, Gérard Séty allait améliorer, enrichir et renouveler son numéro pour le plus grand bonheur de ses spectateurs de tous âges et de toutes nationalités.
Une vie de transformations entrecoupée de nombreux rôles au théâtre, au cinéma et à la télévision. Une vie entière dévouée à son art et à sa passion pour le spectacle qui s’est achevée le 1er février 1998. Gérard Séty avait 75 ans.

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Seul sur scène, avec pour décor une simple chaise (c’est Jacques Tati qui le lui avait recommandé plutôt qu’un valet de nuit qu’il utilisait à ses débuts) sur laquelle il déposait ses vêtements, Gérard Séty était en quelque sorte un illusionniste. Soudain, comme par magie, ce perfectionniste du déguisement se métamorphosait sous les yeux des spectateurs, sans autre accessoires que ses propres vêtements (un complet veston, une grande écharpe, un chapeau, une paire de gants, un foulard, une serviette de cuir et un manteau doublé de soie rouge). C’est important de le souligner, il utilisait toute sa garde-robe (y compris son slip et ses chaussettes, ce qui l’amenait à se mettre presque nu !), mais sans jamais le moindre truc.
Il retournait sa veste, transformait son vêtement pour confectionner plus d’une cinquantaine de personnages historiques, insolites et même quelques animaux.
 C’est ce numéro qui a bâti sa réputation et l’a fait connaître dans tous les cabarets parisiens : La Tête de l’Art, la Villa d’Este, le Don Camillo, Le Milliardaire, le Théâtre de dix heures, les 2 ânes, le Caveau de la République ainsi qu’à Bobino et à l’Olympia où il fut successivement vedette américaine de, Marlène Dietrich, Joséphine Baker, Georges Brassens, Juliette Gréco, Johnny Hallyday, Jacques Brel, Jean Ferrat, Mireille Mathieu et dans un registre complémentaire Thierry Le Luron.
 Auteur de ses textes en français, y compris en alexandrin pour la bonne cause, il les a adaptés dans plusieurs langues (anglais, espagnol, italien, allemand), quand sa carrière a pris un tournant international.

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Du «Complexe Veston» à «Mon Vestiaire est un Bestiaire»

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1975 / LE SETYRICON une émission de variétés de Remy Grumbach.images-droites2

Il a travaillé avec ce réalisateur, fidèle complice de Michel Drucker et de ses émissions Champs-Elysées, à l’adaptation télévisée de son show. Le fil conducteur de l’émission : Gérard s’interroge sur les causes profondes de son «mimétisme vestimentaire» il décide de s’en remettre à une sommité de la psychanalyse… le docteur Séty. C’est dans un décor cinématographique qu’évoluent les différents personnages qu’il interprétait : un procédé de trucage très perfectionné lui permettant de danser un french cancan endiablé à Montmartre entre les héros du «Bal des maudits», Maximilien Shell et Marlon Brando, ou de se glisser subrepticement près de John Wayne dans un western de John Ford.

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1988 / ONE MAN SHOW au Théâtre de dix heuresimages-droites3

1989 / ONE MAN SHOW à la Comédie Caumartin

Il avait coutume de dire en parlant de son art Frégolien : « Si la France a sa force de frappe, moi j’ai ma force de frusques !». Pour Gérard Séty, l’habit ne fait pas le moine… Surtout lorsque l’on change 60 fois de personnalités dans la même soirée !

 

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PERSONNAGES : Le Pêcheur, l’Abbé, le Pope, l’Indien (Peau-rouge), le Sorcier Noir, le Minotaure (Taureau), le Matador, le Cheik (Arabe), la Danseuse du ventre (Fatma), la Bonne Sœur, le Yogi & l’Éléphant, le Samouraï, le Jockey & le Cheval (Tiercé), l’Égyptien, le Romain, le Manant, le Bourreau, le Nain, le Moine, le Bourgeois Belge, le Gondolier, le Tailleur Juif, le Troubadour, la Demoiselle, le Chevalier, le Croisé, le Mignon d’Henri III, Henri IV, Pierrot, le Flibustier (Pirate), le Médecin de Molière, la Tricoteuse, La Fayette, le Mexicain, le Grenadier, l’Officier SS, le Russe, César, Robin des Bois, Batman, le Serf, l’Extra-terrestre, le Gaulois, le Diable, le Fakir.

ANIMAUX : L’Ours, l’Autruche, le Chien, le Sanglier, le Taureau, le Faucon, l’Éléphant, l’Âne, le Rhinocéros, la Girafe, le Dromadaire, le Singe, le Cygne.

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Et pendant que Sety babillait, se déshabillait, se rhabillait sur scène pour créer l’illusion à partir du plus simple appareil, Gérard poursuivait une carrière au théâtre.
Sa première pièce « Ami-Ami » en 1950 le fait connaître comme comédien et lui permet d’enchaîner les pièces de théâtre où il interprète des auteurs autres que lui-même. C’est ainsi qu’il a le plaisir de partager la scène avec des comédiens connus tels que : Madeleine Robinson, Françoise Fabian, Maurice Biraud, Pierre Brasseur, Jacques Weber, Yves Rénier… ou encore Pierre Arditi en 1983 dans Mademoiselle ma mère lors de l’émission « Au théâtre, ce soir ».

PIÈCES :

  • 1950 / AMI-AMI, de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy, mise en scène Jean Wall
  • 1952 / LA DUCHESSE D’ALGUES, de Peter Blackmore, mise en scène Christian Gérard
  • 1953 / BONNE FÊTE ESTHER, de Térence Rattigan (The Deep Blue Sea)
  • 1955 / LA LUNE EST BLEUE, de Hugh Herbert, mise en scène Jacques Charon
  • 1955 / LES CARNETS DU MAJOR THOMPSON, de Pierre Daninos, mise en scène d’Yves Robert
  • 1956 / MONSIEUR MASURE, de Claude Magnier, mise en scène de Claude Barma
  • 1959 / MON ANGE, de Solange Térac, mise en scène René Clermont
  • 1959 / MASCARIN, de José-André Lacour, mise en scène Jean Négroni
  • 1960 / LA FLEUR DES POIS, d’Édouard Bourdet, mise en scène Jean Meyer
  • 1961 / LA TOUR DE NESLE (ou le 3ème Jumeau), d’Archibald Panmach
  • 1962 / LIEUTENANT TENANT, de Pierre Gripari, mise en scène Jean-Paul Cisife
  • 1963 / CAROLINE À DISPARU, d’André Haguet et Jean Valmy, mise en scène Jacques-Henri Duval
  • 1966 / L’AUBERGE DES ADRETS, de Benjamin Antier, mise en scène Jean-Baptiste Thiérrée
  • 1969 / TCHAO, de Marc Gilbert Sauvajon, mise en scène Jacques-Henri Duval
  • 1972 / LES POISSONS ROUGES, de Jean Anouilh, mise en scène de Roland Pietri
  • 1977 / LES MILLE & UNE NUITS, de Claude Santelli
  • 1983 / MADEMOISELLE MA MERE de Louis Verneuil et Georges Berr
  • 1994 / LA FOLLE DE CHAILLOT, de Jean Giraudoux, mise en scène de Jean-Luc Tardieu

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Le cinéma fait aussi appel à lui et après divers seconds rôles, Henri-Georges Clouzot lui propose le rôle principal de son film «Les Espions» en 1957. Gérard Séty interprète le rôle d’un psychiatre aux cotés de Curd Jurgens, de Véra Clouzot et de Peter Ustinov. Le tournage ne fut pas de tout repos. Clouzot avait la réputation de terroriser ses comédiens dont sa propre femme, Véra. «Pour ma part dit Gérard Séty, j’ai appris avec Clouzot plus qu’avec tout autre : la rigueur des raccords et la nécessité de parler à distance et cette idée que la vérité d’une scène est d’abord dans le son : si elle est bonne au son, elle est bonne à l’image».
La même année, il est un gigolo peu sympathique face à Jean Gabin dans «Maigret tend un piège», puis en 1958, il croise le mythe Gérard Philippe dans «Montparnasse 19» de Jacques Becker.
 Si les années 60 ne laisse pas une trace significative (quelques «nanars» et un «péplum») hormis un rôle dans «la Guerre est finie» d’Alain Resnais, sa filmographie s’enrichit à nouveau dès les années 70 avec Alain Jessua et Christian de Chalonge avant de connaître au début des années 90 un regain. Tout d’abord dans un rôle marquant et remarqué, celui du Docteur Gachet qu’il interpréta auprès de Jacques Dutronc et Bernard Le Coq dans le «Van Gogh» de Maurice Pialat et qui lui valu d’être nominé aux «César» du meilleur second rôle masculin. Ensuite dans Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré avec le tandem Christian Clavier et Jean Réno où sa scène de la «rage de dents» était assez communicative.
Sa carrière au cinéma aurait pu être plus importante et plus nourrie mais comme il le disait : «Il est certain que mon numéro de cabaret a nui à ma carrière de comédien. J’étais souvent  pris par des engagements qui m’empéchaient d’accepter un rôle».
 Il adorait pourtant tourner des films où régnait un esprit d’équipe contrairement à son numéro où il était seul. Une ambiance qu’il a particulièrement appréciée lors du tournage des «Visiteurs» en 1993.

FILMOGRAPHIE :

  • 1945 / LA TENTATION DE BARBIZON, de Jean Stelli
  • 1954 / LE ROUGE & LE NOIR, de Claude Autant-Lara
  • 1955 / L’AMANT DE LADY CHATERLAY, de Marc Allégret
  • 1957 / LES ESPIONS, d’Henri Georges Clouzot
  • 1957 / MAIGRET TEND UN PIÈGE, de Jean  Delannoy
  • 1958 / MONTPARNASSE 19, de Jacques Becker
  • 1959 / LE TRAVAIL C’EST LA LIBERTÉ, de Louis Grospierre
  • 1960 / LES PIQUE-ASSIETTE, de Jean Girault
  • 1961 / CADAVRES EN VACANCES, de Jacqueline Audry
  • 1961 / LES TITANS, de Duccio Tessari
  • 1963 / SEUL…À CORPS PERDU, de Raymond Bailly et Jean Maley
  • 1964 / AIMEZ-VOUS LES FEMMES ?, de Jean Léon
  • 1966 / LA GUERRE EST FINIE, d’Alain Resnais
  • 1974 / IL FAUT VIVRE DANGEUREUSEMENT, de Claude Makovski
  • 1978 / L’ARGENT DES AUTRES, de Christian de Chalonge
  • 1979 / LES CHIENS, d’Alain Jessua
  • 1980 / LES FILLES DU RÉGIMENT, de Bernard Aubert
  • 1980 / LA PUCE ET LE PRIVÉ, de Roger Kay
  • 1991 / VAN GOGH, de Maurice Pialat
  • 1993 / FANFAN, d’Alexandre Jardin
  • 1993 / LES VISITEURS, de Jean-Marie Poiré
  • 1994 / DÉLIT MINEUR, de Francis Girod
  • 1995 / LA MALINE, de Bruno Herbulot
  • 1995 / LA MÈRE, de Caroline Bottaro

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A la télévision, il a débuté avec les pionniers avant même la naissance de l’ORTF. C’était dans les années 50, la Maison Pathé produisait des émissions et Gilles Margaritis, le créateur disparu de «la Piste aux Etoiles», était son producteur. Tout comme au théâtre et au cinéma Gérard Séty aimait être entouré d’autres acteurs : Line Renaud, Mireille Darc, Philippe Noiret, Macha Méril, Marianne Denicourt, Jean-Claude Brialy, Véronique Genest…ont pu apprécier son humour et sa joie de vivre.

TÉLÉFILMS & PIÈCES DE THÉÂTRE :

  • 1960 / DE FIL EN AIGUILLE, de Lazare Iglesis
  • 1970 / LE FANTÔME DU HLM, série La Brigade des Maléfices, de Claude Guillemot
  • 1970 / LES CROULANTS SE PORTENT BIEN, « Au théâtre ce soir », de Roger Ferdinand, mise en scène Robert Manuel, réal. Pierre Sabbagh
  • 1970 / UN ANGE PASSE, « Au théâtre ce soir », de Pierre Brasseur mise en scène de l’auteur
  • 1971 / LES CHEMINS DE PIERRE, de Joseph Drimal
  • 1973 / TROIS DIAMANTS PLUS UNE FEMME, d’Aldo Alti
  • 1976 / PROCÈS ROSSEL, de Serge Moati
  • 1977 / LES HANNETONS, « Au théâtre ce soir », d’Eugène Brieux, réalisation Pierre Sabbagh
  • 1978 / DEUX FOIS PAR AN (TV)
  • 1979 / L’ŒIL DE LA NUIT, de J.P. Richard
  • 1980 / TCHAO (« Au théâtre ce soir », de Pierre Sabbagh), mise en scène de Raymond Gérome
  • 1981 / Mlle MA MÈRE, « Au théâtre ce soir », de Louis Verneuil, réalisation Pierre Sabbagh
  • 1981 / LE RELAIS DE NOVGOROD, d’Armand Ridel
  • 1993 / FERBAC « Le festin de Miséricorde », de Christian Faure
  • 1995 / SIXIÈME CLASSIQUE, de Bernard Stora
  • 1995 / LES CHIENS NE FONT PAS DES CHATS, d’Ariel Zeitoun
  • 1999 / LE REFUGE, d’Alain Schwarzstein

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Par admiration pour mon père, j’ai voulu à travers ce site lui rendre hommage et rappeler, outre sa carrière, son numéro unique à ceux qui l’ont connu et le faire découvrir à ceux qui n’ont pas eu l’occasion (ou bien parce qu’ils étaient trop jeunes) de le voir sur scène. Si son numéro a disparu avec lui, il reste malgré tout l’œuvre de toute une vie, l’expression d’un artiste qui a su donner ses lettres de noblesse à l’art de la transformation. Un art qu’Arturo Brachetti a eu la gentillesse et l’élégance de lui reconnaître après sa disparition. A mes yeux, plus qu’un héritier de Frégoli, Gérard Séty a été l’incarnation d’un art éphémère aux confluents du mime, du théâtre et de l’illusion : un magicien qui travaillait avec son corps et son imagination. Et ce qu’il nous a légué c’est son énergie à se travestir pour transformer notre quotidien. Une sorte d’alchimie du bonheur dont je lui suis redevable ainsi que (et je m’en fais le porte-parole) des milliers de spectateurs qui l’ont applaudi sous toutes les latitudes.  
Frédéric Séty  
 
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